Depuis 2011 et les manifestations du "Printemps arabe" contre le régime de Bachar al-Assad, la Syrie a sombré dans une guerre destructrice qui a fait plus de 380 000 morts. Retour sur cette longue descente aux enfers en dix dates.
Dans le sillage des mouvements de contestation qui agitent le monde arabe, quelques dizaines de Syriens descendent dans la rue le 15 mars à Damas, répondant à un appel à manifester, lancé sur les réseaux sociaux, contre le pouvoir autoritaire du président Bachar al-Assad, dont la famille gouverne le pays d’une main de fer depuis quarante ans. Trois jours plus tard, quatre manifestants sont tués à Deraa lors d’une manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes. Alors que les manifestations grossissent, le régime durcit la répression et des groupes armés se joignent aux manifestants. Le 31 juillet, quelque 140 civils sont tués dans une opération de l’armée contre la ville de Hama. Quelques jours plus tard, un colonel déserteur fonde l’Armée syrienne libre (ASL), officialisant ainsi la lutte armée contre le régime.
En février, l'armée syrienne lance une série d’offensives sur la ville de Homs, devenue symbole de la rébellion, et tue des centaines de civils. Le 11 février, le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, annonce dans une vidéo son soutien aux manifestants. De son côté, l’Armée syrienne libre lance en juillet une offensive pour prendre le contrôle de Damas, mais les forces rebelles sont vite repoussées hors de la capitale.
L'attaque chimique, la limite à ne pas franchir selon les Américains. En 2013, les puissances occidentales accusent l’armée syrienne d’avoir utilisé ce procédé à plusieurs reprises contre les rebelles. À la suite d’une nouvelle attaque meurtrière en août dans la banlieue de Damas, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni décident d’engager une mission militaire punitive contre le régime, sans l’accord de l’ONU. Une mission qui n’aura finalement jamais lieu, Barack Obama décidant au dernier moment de soumettre les frappes à l’approbation du Congrès américain. Un accord international est alors conclu en vue de neutraliser l’arsenal chimique syrien.
Après une percée éclair, l’organisation État Islamique, branche dissidente d’Al-Qaïda en Irak, déclare un "califat" sur le territoire qu’il a conquis par les armes, avec deux places fortes : Mossoul en Irak, et Raqqa, l’un des berceaux de la révolution syrienne, érigée en capitale. En réponse, une coalition internationale se forme, menée par les États-Unis, afin de frapper les positions du groupe jihadiste.
Le 20 novembre, l’ONU adopte à l’unanimité une résolution proposée par la France à la suite des attentats du 13 novembre à Paris, invitant tous les États qui le peuvent à lutter contre le groupe État islamique. La Russie accentue son implication aux côtés de Bachar al-Assad en lançant des frappes contre les rebelles, notamment à Alep, alors que l’Iran envoie plusieurs centaines de combattants pour grossir les rangs de l’armée. En parallèle, un nombre record de Syriens fuient les combats vers les pays voisins et vers l’Europe, provoquant une crise migratoire majeure.
Après quatre ans d’une lutte acharnée pour le contrôle d’Alep, ancienne capitale économique dans le nord-est du pays, les rebelles, qui contrôlaient la partie est de la ville, capitulent en décembre. Plusieurs dizaines de milliers de civils sont alors évacués dans le cadre d’un accord conclu par la Russie et la Turquie. Pour Bachar al-Assad, il s’agit du plus grand succès militaire depuis le début de la révolution.
Le 17 octobre, les Forces démocratiques syriennes (FDS), rassemblant des combattants arabes et kurdes, et appuyées par la coalition internationale, reprennent Raqqa. Un accord est signé, permettant l’évacuation des derniers jihadistes. La bataille de quatre mois aura fait plus de 2 000 morts, selon l’OSDH [Observatoire syrien des droits de l'Homme], et détruit 80 % de la ville.
Soutenues par les États-Unis, les forces kurdes annoncent, le 23 mars, la prise complète de la poche de Baghouz, proche de la frontière irakienne à l’est, où les derniers jihadistes du groupe État islamique s’étaient retranchés. Victorieuses, elles dressent alors leur drapeau jaune dans le village et annoncent l’élimination totale du "soi-disant califat”. Sept mois plus tard, le 27 octobre 2019, les Américains annoncent la mort du chef de l’organisation État islamique, Abou-Bakr al-Baghdadi, tué lors d’un raid à Baricha, dans le nord-ouest de la Syrie.
Les armées syrienne et russe lancent une offensive dans la région d’Idleb contre les dernières poches contrôlées par les jihadistes et les rebelles. Le bombardement des villages et l’avancée de l'armée conduisent à un exode de centaines de milliers de civils, selon l’ONU. Proche de la frontière turque, cette opération suscite de vives tensions avec Ankara. Un accord de cessez-le-feu dans la région d'Idleb sera finalement signé le 5 mars, ultime étape du plan de reconquête du territoire par le régime de Damas.