Par Marc Daou
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La tension ne cesse de monter entre la Russie et l’Ukraine depuis l'arraisonnement de trois navires ukrainiens par les garde-côtes russes le 25 novembre dans le détroit de Kertch, qui sépare la mer d'Azov et la mer Noire.
Le président ukrainien Petro Porochenko, qui a promulgué la loi martiale, a lui évoqué la "menace d'une guerre totale" avec la Russie. De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a mis en garde Kiev contre tout acte "irréfléchi".
Il s'agit de la première confrontation entre Moscou et Kiev depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014 et l'éclatement d'un conflit armé dans l'est de l'Ukraine, entre forces ukrainiennes et séparatistes pro-russes, qui a fait depuis plus de 10 000 morts et près de 1,7 million de déplacés en quatre ans.
Le 21, le président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch abandonne soudainement l’accord d’association avec l’Union européenne et opte pour une coopération plus étroite avec Moscou. Cette décision déclenche une vague de contestations pro-européenne à Kiev, où la place Maïdan devient l’épicentre de manifestations monstres, qui rassemblent jusqu’à 800 000 personnes en décembre.
Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre atteignent leur paroxysme et l’Ukraine connaît le mois de violences le plus sanglant avec près de 90 personnes tuées à Kiev. Le 22 février, Viktor Ianoukovitch est destitué par le Parlement et se réfugie en Russie. Un gouvernement intérimaire se met en place. Vladimir Poutine dénonce un coup d’État et prévient qu’il "se réserve le droit de recourir à toutes les options disponibles, y compris la force en dernier ressort".
Quelques jours avant le début du mois, des heurts éclatent entre militants pro et anti-russes à Simferopol, capitale de la Crimée, qui n’est ukrainienne que depuis 60 ans. Des forces spéciales russes prennent le contrôle des points stratégiques de la péninsule majoritairement russophone. Le 16 mars, elle vote massivement en faveur de son rattachement à la Russie lors d’un référendum qualifié d’“illégal” par Washington et Bruxelles. Deux jours après, Vladimir Poutine acte l’annexion.
L'insurrection pro-russe, encouragée par Moscou, se propage dans les régions de l'est majoritairement russophones du pays. Le 11 mai, les séparatistes autoproclament l’indépendance des régions de Louhansk et de Donetsk, dans le Donbass, à la suite d'un référendum jugé, là encore, illégal par Kiev. Le 25 mai, l’Ukraine élit son nouveau président, le pro-occidental Petro Porochenko. De son côté, l’armée russe se déploie aux frontières de l’Ukraine en Transnistrie, au Bélarus, à la frontière russe et en Crimée. Un mois plus tard, Kiev signe son accord d’association avec l’UE.
En marge des commémorations du Débarquement en Normandie, une première rencontre entre le chef de l’État ukrainien et son homologue russe est organisée à Bénouville, le 6 juin 2014, sous le parrainage de la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, François Hollande. Le but : tenter de trouver un règlement au conflit dans le Donbass. Plusieurs rounds de négociations en « format Normandie » sont organisés les années suivantes, en vain.
Le 17, un avion de ligne de la Malaysia Airlines (MH17), assurant la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur, est abattu par un missile, alors qu’il survole l’est de l’Ukraine. Bilan du crash : 298 morts. L’Occident accuse les rebelles pro-russes, qui nient toute implication. Une nouvelle série de sanctions est mise en place contre Moscou par les Occidentaux. Quatre ans plus tard, en mai 2018, les enquêteurs internationaux affirment que le missile qui a abattu l’avion provenait d'une unité militaire russe.
L’Ukraine et les rebelles pro-russes signent une trêve à Minsk, au Bélarus, le 5 septembre. Mais le cessez-le-feu n’est pas respecté. Un plan “de la dernière chance”, défendu par Paris et Berlin, est présenté en février 2015 et les différentes parties acceptent une feuille de route pour régler le conflit : "l'Accord de Minsk 2". Mais des flambées de violences éclatent régulièrement sur la ligne de front. Le volet politique du texte est resté lettre morte, les belligérants se rejetant la responsabilité de cet échec.
Le 19, Vladimir Poutine, Angela Merkel, François Hollande et Petro Porochenko se retrouvent pour un nouveau sommet. Mais, une fois de plus, les pourparlers n’aboutissent à aucune avancée concrète et le processus reste au point mort.
Kiev annonce que l'Otan a accepté d'entamer des discussions en vue de l'adhésion de l'Ukraine à l'organisation. Cette dernière se dit solidaire face aux agressions de Moscou, accusé de soutenir l'insurrection dans l'est ukrainien. Sur le terrain des attaques ont toujours lieu, mais aucune offensive de grande envergure n’est toutefois menée.
Vladimir Poutine inaugure un nouveau pont reliant la Crimée à la Russie. Un chantier colossal et très symbolique qui vise à réduire l'isolement de la péninsule annexée par Moscou en 2014, contre l’avis de Kiev et des puissances occidentales. Six mois plus tard éclate la crise en mer d’Azov qui remet la crise ukrainienne au centre des attentions.
Russie – Ukraine : retour sur le conflit en quelques dates-clés
Un long format de Marc Daou pour France 24
Textes Marc Daou
Secrétaire de rédaction Odile Pandor
Photo de couverture Gleb Garanich, Reuters
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Novembre 2018 © Tous droits réservés