Pour les industriels du secteur
L'oléoduc Keystone XL est une mine à emplois. Les chiffres avancés par la société TransCanada, qui doit exploiter l'oléoduc, et d’autres instituts plus ou moins proches du secteur pétrolier vont de 20 000 à 120 000 nouveaux emplois.
Leur principal argument est que l’activité générée par la construction et l’exploitation de l'oléoduc va avoir un effet bénéfique sur l’ensemble de l’économie locale. Donc, même si le projet ne créait que quelques milliers, voir dizaines de milliers d’emplois directs, plus de 100 000 nouveaux postes verraient le jour dans les secteurs connexes (équipement, restauration ou encore immobilier).
Pour les détracteurs
Les opposants au projet d'oléoduc ont une analyse radicalement différente. Pour les plus critiques, ce méga-chantier ne créerait absolument aucun emploi. Pire, il en détruirait. C’est la thèse de l’université de Cornell. Pour ces académiciens, l’écrasante majorité des emplois créés seront temporaires, tandis que la moitié des matériaux seront importés de l’étranger. En outre, la pollution et les problèmes de sécurité engendrés par l'oléoduc vont détériorer la situation économique des régions traversées et détruire des emplois.
Pour les écologistes
Le pétrole qui sera transporté par l'oléoduc Keystone XL, extrait des sables bitumineux du Canada, fait bondir les écologistes. L’extraction de ce type d’or noir génère environ 17 % d’émissions de gaz carbonique de plus que pour le brut traditionnel. L’exploitation de l'oléoduc entraînerait l’émission de près de 500 millions de kg de CO2 par jour, soit l’équivalent de plus de 50 usines à charbon. Pour les écologistes, ce projet est donc un affront à la priorité affichée par le président Barack Obama de lutter contre le réchauffement climatique. Un vrai casse-tête politique pour la Maison Blanche.
Pour les industriels du secteur
Les défenseurs de l'oléoduc, les industriels du secteur et la plupart des républicains balaient cet argument d'un revers de main. Ils rappellent que le pétrole des sables bitumineux canadiens va de toute façon être exploité, quel que soit le sort réservé au projet Keystone XL. L'oléoduc ne changerait rien à l’inéluctable et serait même une solution écologiquement préférable au transport par voie ferrée. Le secrétariat d’État américain reconnaît, d’ailleurs, que si l’impact climatique n’est pas négligeable, il risque d’avoir lieu de toute façon.
Pour les écologistes
Il n’y a pas que l’extraction du pétrole qui pose problème. Le risque de fuite tout au long de ce méga-oléoduc de 1 408 km n’est pas négligeable. En 2010, un accident sur un autre oléoduc avait coûté 750 millions de dollars et obligé plus d’une centaine de familles à déménager de la région polluée.
Ce risque avait poussé Barack Obama à refuser, en 2012, le premier tracé de l'oléoduc Keystone XL car il passait par la zone protégée des Sandhills, au Nebraska. Le nouveau projet amendé évite cette région. Mais l'oléoduc passerait au-dessus de l’aquifère Ogallala, l’une des plus grandes nappes phréatiques du monde. Près de 30 % des terres agricoles irriguées américaines sont au-dessus de cette réserve d’eau. Un accident à cet endroit pourrait être catastrophique pour l’économie américaine.
Pour les industriels du secteur
Pas du tout, rétorque TransCanada. L’entreprise canadienne est catégorique : elle a revu son tracé pour éviter les Sandhills et l’aquifère Ogallala ne craint rien. Sur ce dernier point, l’un des plus éminents experts de cette région, l’hydrologiste James Goeke estime, lui aussi, que le “risque est minimal”. La raison : les réserves d’eau sont bien trop profondes pour être polluées en cas de fuite. Il précise, cependant, qu’il existe plusieurs endroits où l’eau est plus proche de la surface et que TransCanada doit y prévoir des mesures de protection spécifiques pour éviter tout problème. La société canadienne s’y est engagée. Elle a également recruté James Goeke pour participer à ses campagnes de publicité pour l'oléoduc…
Pour les propriétaires terriens
Une centaine de propriétaires du Nebraska ne veulent absolument pas céder leur terre à TransCanada qui en a besoin pour y construire l'oléoduc. Ils jugent que l’indemnisation proposée par la société est trop faible - certains ne s’étaient vu proposer qu’une centaine de dollars - et contestent la méthode. En effet, TransCanada a obtenu du gouverneur du Nebraska le droit, en l’absence d’accord avec les propriétaires, de saisir les terres sans passer par la procédure habituelle. Une possibilité généralement réservée à l’autorité publique dans les cas d’intérêt général.
Barack Obama a suspendu sa décision au règlement de ce désaccord. La Cour suprême du Nebraska a donné raison, le 9 janvier, à TransCanada. Mais les propriétaires vont continuer à s’opposer à la saisie de leur terre.
Pour TransCanada
La société rappelle que ces propriétaires récalcitrants ne représentent que 17 % de ceux qui, au Nebraska, sont concernés par les travaux de construction de l'oléoduc. Tous les autres ont accepté l’indemnisation proposée. TransCanada souligne aussi être dans les clous légaux, alors que les opposants refusent illégalement de céder, comme l’a confirmé la décision de la Cour suprême du Nebraska.