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Ils sont 2 300 délégués à se réunir à partir du dimanche 16 octobre pour le XXe congrès du Parti communiste chinois. Parmi eux, seul Xi Jinping, le dirigeant chinois, est connu du monde entier. Et il va tout faire pour renforcer encore son pouvoir, notamment en plaçant ses alliés à des postes stratégiques. France 24 a retenu cinq noms d'étoiles montantes du parti. L'un d'eux succédera peut-être à Xi Jinping à la tête de la Chine.










Texte : Sebastian Seibt
Secrétaires de rédaction : Odile Pandor
Rédacteurs en chef : Stéphane Bernstein
Conception, graphisme et développement : Studio Graphique - France Médias Monde
Directeur de la rédaction : Amaury Guibert
Tous droits réservés © octobre 2022
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陈敏尔

Chen Min’er

À 62 ans, il est l’un des jeunes loups du Bureau politique. Chen Min’er, chef du PCC dans la mégalopole de Chine centrale Chongqing (31 millions d’habitants), est l’un des favoris pour entrer au Comité central du Bureau politique, ce cénacle très restreint des plus puissants membres du parti.

“Il est régulièrement considéré comme l’un des favoris pour succéder un jour à Xi Jinping”, affirme Marc Lanteigne, spécialiste de la politique chinoise à l'université arctique de Norvège.

Chen Min’er coche toutes les bonnes cases. Il a lancé sa carrière politique dans la région de Zhejiang au début des années 2000, à une époque où Xi Jinping en était le chef. Depuis lors, Chen Min’er est considéré comme l’une des figures centrales de la “Nouvelle armée de Zhijiang”.

Il s'est aussi fait remarquer pour avoir fait le grand nettoyage politique à Chongqing. La ville était, en effet, l’un des principaux fiefs des fidèles à Bo Xilai, l’un des premiers opposants à Xi Jinping au moment où ce dernier a accédé au pouvoir suprême.

Enfin, Chen Min’er “a aussi su garder profil bas ces dernières années, pour ne pas donner l’impression de vouloir faire de l’ombre à Xi Jinping”, souligne Marc Lanteigne. La même attitude “modeste” que Xi Jinping avait adopté avant de prendre la succession de Hu Jintao.

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丁薛祥

Ding Xuexiang

C’est l’un des plus proches collaborateurs de Xi Jinping. Ding Xuexiang est non seulement “jeune” (60 ans), membre du Bureau politique, mais surtout, il tient le rôle de chef de cabinet du dirigeant chinois depuis près de dix ans – il est en charge d’organiser tous les déplacements de son patron et de gérer son agenda.

C’est l’incarnation de “l’étoile montante” du PCC, assure Marc Lanteigne. Il est, donc, naturellement l’un des favoris pour entrer au Comité permanent du Bureau politique lors de ce XXe congrès.

Malgré sa proximité avec Xi Jinping, il est aussi l’un des protégés du président les plus discrets. L’aura de mystère qui entoure Ding Xuexiang tient au fait qu’il a gravi les marches du pouvoir à l’intérieur du parti sans jamais occuper de poste exposé, gouverneur régional par exemple.

Il n’empêche qu’il a fait l’essentiel de sa carrière politique – avant de servir directement Xi Jinping – à Shanghai, le poumon économique et financier du pays. C’est là-bas d’ailleurs qu’il a croisé le chemin de Xi Jinping, qui a été le chef de cette ville pendant six mois en 2007.

Ding Xuexiang est considéré à la fois comme un technocrate très efficace et un idéologue de premier plan. Il a notamment participé à la conception des “pensées de Xi Jinping pour une nouvelle ère”, considéré comme l’apport principal de l’actuel dirigeant chinois au corpus idéologique du PCC.

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汪洋

Wang Yang

Il n’est plus tout jeune, même au regard des standards du PCC. À 67 ans, Wang Yang est en effet à un an de l’âge théorique de la retraite. En outre, il siège déjà depuis cinq ans au sein du saint, le Comité permanent du Bureau politique. Difficile donc de le considérer comme une “étoile montante”.

Et pourtant… “Il est pressenti comme l’un des favoris pour devenir le prochain Premier ministre, en remplacement de Li Keqiang”, souligne Nils Grünberg, sinologue au Mercator Institute for China Studies. Il l’était déjà en 2012. “Mais à l’époque, il n’avait pas été retenu, probablement parce qu’on pensait que ses idées économiques pourraient être un obstacle à l’agenda de ‘gauche’ de Xi Jinping au début de son mandat”, note Alex Payette, sinologue et directeur du cabinet Cercius Group, basé à Montréal.

Son profil de réformateur économique fait tout à la fois sa force et sa faiblesse. Il est réputé pour appartenir au courant des “libéraux” du PCC, c’est-à-dire qu'il voudrait que l’État soit moins omniprésent dans l’économie. C’est lui qui a transformé, à la fin des années 2000, la région de Guangdong en province économiquement tournée vers l’avenir.

Une prouesse qui en a fait l’une des régions les plus prospères du pays et a propulsé Wang Yang au rang des personnalités qui comptent le plus dans le paysage politique chinois. Mais son approche heurtait aussi de plein fouet la vision économique beaucoup plus dirigiste de Xi Jinping.

Pour autant, “la menace est aujourd’hui beaucoup plus réduite”, souligne Alex Payette. Le courant des réformateurs ne pèse plus aussi lourd qu’au début du règne de Xi Jinping. De ce fait, “Wang Yang serait un parfait candidat du compromis”, conclut l'expert.

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胡春华

Hu Chunhua

C’est “l’ado” du lot. À 59 ans, il est le plus jeune des membres du Bureau politique. Mais pas le moins influent, puisqu’il est aussi l’un des quatre vice-Premier ministre.

Fils de fermiers d’un petit village de la région de Hubei, il occupe le poste stratégique de secrétaire général du Parti communiste de la très riche province de Guangdong. “Mais ce n’est pas le seul poste-clé qu’il a occupé”, assure Marc Lanteigne. Il a aussi été affecté à la région semi-autonome de Mongolie intérieure et a été vice-gouverneur du Tibet pendant trois ans.

Il a donc le très convoité profil d’homme politique ayant une solide expérience aux niveaux local et régional. “C’est généralement un passage obligé pour qui aspire à occuper les plus hautes fonctions”, souligne le South China Morning Post.

Mais il a un (gros) défaut : “il est le seul à ne pas être considéré comme un allié de Xi Jinping”, note Nils Grünberg. Il est l’un des protégés de l’ancien secrétaire général du PCC Hu Jintao, et a fait partie de la faction des Jeunesses communistes, considérée au début des années 2010 comme un groupe rival à Xi Jinping.

De ce fait, “il est peut-être un peu trop indépendant pour être promu par Xi Jinping”, estime Marc Lanteigne. Mais la décision de le faire entrer au Comité permanent du Bureau politique “pourrait aussi être une manière pour Xi Jinping de montrer qu’il ne place pas que des hommes à lui”, nuance Nils Grünberg.

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蔡奇

Cai Qi

C’est l’homme de Pékin de Xi Jinping : Cai Qi est le patron du Parti communiste dans la capitale chinoise. Un poste stratégique dont rêvent tous ceux qui veulent gravir rapidement les échelons du parti et entrer au Comité permanent du Bureau politique.

Ce n’est pas tout : il est également l’un des principaux membres de la faction pro-Xi Jinping de la “Nouvelle armée de Zhijiang”, la faction des loyalistes de la première heure de l’actuel président chinois. Cai Qi connaît Xi Jinping depuis les années 1980, lorsque les deux hommes travaillaient dans la province du Fujian.

Cai Qi a aussi été l’un des premiers dirigeants chinois à avoir compris la force des réseaux sociaux. Avant d’être nommé à Pékin, il était très actif sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, où plus de 10 millions d’internautes le suivaient. Sur son compte, il se faisait appeler “Cai Qi, un bolchevik”.