Pour les supportrices algériennes tous les chemins mènent à Rio



© Crédits : FRANCE 24 - Textes : Malika Kerkoud - Photo : AFP

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INTRODUCTION


De la populaire Casbah d’Alger, en passant par Oran "la radieuse", Dubaï et Lyon jusqu’au vaste territoire brésilien, FRANCE 24 se penche sur le périple de quatre femmes algériennes qui ont décidé d’aller encourager la sélection nationale algérienne au pays de la samba. L’équipe d’Algérie est la seule du monde arabe à s’être qualifiée pour le Mondial-2014.

Les femmes algériennes ne fréquentent que rarement les stades, traditionnellement réservés aux hommes. Mais la passion du foot s’est peu à peu emparée d’un certain nombre d’entre elles, au point de leur faire parcourir des milliers de kilomètres par la terre, la mer et les airs pour vivre le rêve de la Coupe du monde au pays du football.

Selon les chiffres du ministère algérien des Sports, le contingent de 2 000 supporters « officiels » qui se rendent au Brésil via l’opération organisée par l’État (qui comprend le voyage, les vols internes, la billetterie et les hébergements), compte dans ses rangs 65 femmes. Cette opération propose plusieurs offres, dont la plus chère coûte 7 000 euros, soit l’équivalent de deux ans du salaire moyen en Algérie.


Photo : AFP

Ghania Khafif
"Le rêve de toute une vie"


Parmi ces supportrices, Ghania Khafif, une jeune oranaise de 28 ans, qui vit dans le quartier populaire de "Gambetta". Pour réaliser "le rêve de toute une vie", elle a économisé pendant un an pour se rendre au Brésil avec un groupe d’amis de 17 personnes.

Sa passion pour la sélection algérienne est récente puisqu’elle remonte à 2009, après l’agression subie au Caire par les joueurs algériens, en marge d’un match de qualification pour le Mondial-2010 contre l’Égypte. "Ces évènements ont éveillé un sentiment patriotique en moi. Alors que je n’avais jamais été passionnée de football, je ressens aujourd’hui le devoir d’encourager mon équipe", précise-t-elle. Depuis, Ghania est devenue une inconditionnelle des Fennecs.

"Les femmes algériennes ne sont pas bienvenues dans les stades de football lors des matchs de championnat. Elles s’exposent à des agressions verbales. Mais, bizarrement, lorsqu’il s’agit d'un match de l'équipe nationale, les supporters masculins adoptent un comportement plus civilisé et mettent leur virilité entre parenthèses, ce qui permet aux femmes de venir", explique Ghania.

La jeune femme est capable, comme en 2010, de parcourir des milliers de kilomètres en une seule journée pour encourager son équipe. Et ce n’est donc ni la distance qui sépare Oran de Rio de Janeiro, ni l’insécurité chronique au Brésil, qui vont la dissuader d’accomplir son rêve.

Photo : AFP

Massilissa Chafai
Envoyée spéciale au Brésil


Massilissa Chafai, 25 ans, n’est pas aussi passionnée que Ghania. Mais cette journaliste algéroise, qui travaille au sein de la rédaction de "Tout sur l’Algérie" (TSA), ne boude pas son plaisir de se rendre au Brésil. Avant tout pour y exercer son métier mais aussi pour encourager les Fennecs. "Une Coupe du monde organisée dans le fief du football et à laquelle participe notre équipe sera une expérience magique. Cela représente une chance inouïe pour moi, jeune journaliste", confie-t-elle.

Et d’ajouter : "En tant que femme, cela représente beaucoup pour moi, sachant que le football et les femmes ne font pas bon ménage dans notre pays, où il est inconcevable pour nous d’aller au stade. Il faut habituer progressivement les hommes algériens à y voir des femmes pour que ça devienne un fait normal".




Salima Hadjadj
"Mon mari m’a demandé de l’accompagner"


Salima Hadjadj, elle, est déjà au Brésil avec son époux. Si c’est bel et bien la qualification de l’Algérie qui a poussé ce couple de Français d’origine algérienne résidant à Lyon à traverser l’Atlantique, ils profitent de l’occasion pour visiter le pays avant le début de la compétition.

"Beaucoup d’amis nous ont déconseillé de nous rendre au Brésil pendant la compétition à cause de l’insécurité qui règne dans le pays, mais notre volonté de suivre le parcours des Fennecs l’a emporté sur tous ces avertissements", souligne Salima, 22 ans.

Elle précise que, contrairement à beaucoup d’Algériens qui préfèrent rester entre hommes lorsqu’il s’agit de football, son mari a insisté pour qu’elle l’accompagne au pays de Pelé.
Selon elle, cette occasion ne se présente qu’une seule fois. "La seule difficulté à laquelle nous sommes confrontés depuis notre arrivée, c’est de trouver de la nourriture halal sur place. Les Brésiliens semblent ignorer jusqu’à l’existence même de ce terme !", raconte-t-elle.


Nadia Medih
Supportrice inconditionnelle


Nadia Medih, elle, fera le voyage depuis Dubaï, dans les Émirats arabes unis, où elle travaille. Et rien ne semble pouvoir empêcher cette femme de 30 ans, déjà présente en Afrique du Sud en 2010, d’atteindre son but, c'est-à-dire d’encourager les Verts, "même au fin fond du monde".

"Que représentent 1 500 ou 2 000 euros face au plaisir indescriptible de voir son équipe nationale disputer une Coupe du monde, en direct sous vos yeux ?", demande Nadia qui, grâce à une amie résidant au Brésil est parvenue à réduire au maximum le coût de son voyage.

Sur place, elle assistera aux trois matchs de poule des Fennecs, et retrouvera des amis algériens qui se rendent au Brésil. "On s’est donné rendez-vous avec cinq amis au Brésil, afin de vivre notre rêve ensemble. Deux d’entre eux feront le voyage depuis Alger, deux autres viendront depuis Paris et la troisième prendra l’avion depuis la Grande-Bretagne", conclut-elle.



Photo : AFP

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