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ATTENTATS
DU 13 NOVEMBRE
Un an après, ce que l'on sait des auteurs présumés

Mise à jour le 11 novembre 2016
Vendredi 13 novembre 2015, Paris était frappée par une série d’attaques terroristes sans précédent, revendiquées par l’organisation État islamique (EI). Le bilan est lourd : 130 personnes ont été tuées, plusieurs centaines d’autres blessées. Un an plus tard, l’enquête a permis d’identifier tous les membres présumés des commandos qui ont semé la mort dans la capitale française. Le réseau qui a organisé les attentats du 13 novembre, a, lui, été en partie démantelé.

Salah Abdeslam, le suspect-clé muré dans le silence

Salah Abdeslam est le seul membre des commandos du 13 novembre à être toujours en vie. Fugitif le plus recherché d’Europe jusqu’à son arrestation le 18 mars 2016 à Molenbeek, en Belgique, où il a grandi, ce Français né en 1989 a été transféré en France fin avril. Mis en examen pour assassinats à caractère terroriste, il est, depuis, incarcéré à Fleury-Mérogis où il a été placé à l’isolement. Présenté à plusieurs reprises aux juges d’instruction du pôle antiterroriste, Salah Abdeslam a jusqu’à présent fait valoir son droit au silence. En octobre 2016, ses avocats ont pour cette raison renoncé à le défendre.

Que sait-on, à ce stade, de son rôle présumé dans les tueries parisiennes ? Ce proche d'Abdelhamid Abaaoud a aidé plusieurs protagonistes du 13-Novembre à gagner l'Europe et a participé, avec son frère Brahim Abdeslam, à la préparation des attaques. Avant les évènements, Salah Abdeslam a ainsi loué à son nom la Polo noire qui a servi à l’équipe du Bataclan, ainsi qu’une Clio retrouvée dans le 18e arrondissement de Paris. Il a également réservé des chambres d’hôtel utilisées avant les attentats.

Le soir même des faits, il aurait convoyé les kamikazes du Stade de France. Il affirme avoir renoncé au dernier moment à s'y faire exploser. Mais les enquêteurs se demandent s'il n'était pas chargé d'un attentat dans 18e arrondissement parisien, évoqué dans la revendication du groupe jihadiste État islamique (EI) et qui n'a pas eu lieu.

Une ceinture d'explosifs a été retrouvée à Montrouge, au sud de Paris, près d'un endroit où il a été localisé après les tueries.

Quid de son éventuelle implication dans les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 ? Salah Abdeslam, arrêté quelques jours avant les attaques – qui ont fait 32 morts –, a assuré, via son avocat belge, qu'il n'était pas au courant. Il est toutefois lié aux trois hommes qui se sont fait exploser ce jour-là et qui avaient, eux aussi, un lien avec les attentats du 13 novembre.

Quand Salah Abdeslam sera-t-il jugé ? L'instruction est encore en cours, la date de son procès n’a, de ce fait, pas encore été fixée.




Mohamed Abrini, des attentats de Paris à ceux de Bruxelles

Arrêté à Anderlecht, en Belgique, le 8 avril 2016, Mohamed Abrini faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis le 24 novembre 2015. Le nom de ce Belgo-Marocain, né en 1984, est très vite apparu dans l’enquête sur les attaques du 13 novembre. Cet ami d’enfance de Salah Abdeslam – tous deux ont grandi dans la commune bruxelloise de Molenbeek – a été identifié sur une vidéo de caméra de surveillance d’une station-service dans l’Oise, en compagnie de ce dernier, deux jours avant les attentats. Mohamed Abrini était alors au volant de la Clio noire qui a servi aux terroristes le 13 novembre. Le véhicule est retrouvé quelques jours après les attentats dans le 18e arrondissement de Paris.

Mohamed Abrini a par ailleurs laissé ses empreintes dans la cache brièvement occupée par Salah Abdeslam avant sa capture en mars 2016, rue du Dries, à Forest, commune de Bruxelles, ainsi que dans les appartements de la rue Max Roos et de la rue Henri Bergé à Schaerbeek, où il a séjourné dans les heures qui ont suivi les attentats de Paris.

"Corpulence athlétique, 1,80 mètre, cheveux foncés, yeux bruns, visage fin, dangereux et probablement armé". Malgré le mandat d'arrêt émis à son encontre après les attentats du 13 novembre, Mohamed Abrini reste introuvable pendant des mois. Son nom et son visage réapparaissent après les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 : Mohamed Abrini est rapidement identifié comme étant "l’homme au chapeau" de l’aéroport qui poussait son chariot à côté des deux kamikazes avant de prendre la fuite. Trente-deux personnes ont perdu la vie, plus de 300 autres ont été blessées dans ces attentats à la bombe (outre l’aéroport, une rame de métro du centre de Bruxelles a été frappée).

Arrêté à Anderlecht, une commune de Bruxelles, quelques jours plus tard, Mohamed Abrini est depuis incarcéré en Belgique. Inculpé dans le dossier des attentats du 13 novembre pour "participation à une entreprise terroriste", Mohamed Abrini l'est également dans le volet belge pour "participation aux activités d'un groupe terroriste, assassinats terroristes et tentatives d'assassinats terroristes". Réclamé par la justice française, Mohamed Abrini ne sera pas transféré en France "dans l'immédiat"… en raison de son rôle dans les attentats de Bruxelles.




Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur


Abdelhamid Abaaoud, dit Abou Omar “le Belge”, est présenté par les enquêteurs comme “l’un des cerveaux“ des attentats du 13 novembre. C'était "un coordinateur", mais "pas le commanditaire" des attaques, a toutefois précisé en mai 2016 le patron de la DGSE, Bernard Bajolet, devant des parlementaires. Abdelhamid Abaaoud a été tué lors de l'assaut donné mercredi 18 novembre 2015 par le Raid à Saint-Denis. L’enquête a pu établir qu’il faisait partie du groupe ayant tiré sur les bars des 10e et 11e arrondissements de Paris.

Les enquêteurs sont convaincus qu’Abdelhamid Abaaoud s’est rendu, vendredi 13 novembre, aux abords du Bataclan, alors que les policiers étaient encore en train d’intervenir pour neutraliser les terroristes à l’intérieur de la salle de concert.

Abdelhamid Abaaoud projetait également de commettre un attentat dans le quartier d’affaires de La Défense, au nord-est de Paris, probablement “le 18 ou le 19 novembre”.

Comme Salah Abdeslam dont il était proche, ce jihadiste belge né en 1987 a grandi dans le quartier bruxellois de Molenbeek. Ses empreintes ont été retrouvées sur une kalachnikov dans la Seat louée par Brahim Abdeslam et retrouvée à Montreuil après les attentats. Il a par ailleurs été filmé, le 13 novembre vers 22 h, par une caméra dans le métro à Montreuil, près du lieu où la voiture a été abandonnée.

Ce personnage clé de l’affaire était bien connu des services de renseignement depuis son départ en Syrie en 2013.

Avant même les attentats du 13 novembre, l’implication d’Abdelhamid Abaaoud avait ainsi déjà été évoquée dans plusieurs affaires récentes liées au terrorisme en France et en Belgique : il est suspecté d’avoir joué un rôle dans l’attaque ratée du Thalys en août 2015, les enquêteurs ont aussi établi qu’il avait été en contact avec le jihadiste français Mehdi Nemmouche, responsable de la tuerie du Musée juif de Bruxelles en mai 2014. Il est également considéré comme le cerveau de la cellule terroriste de Verviers (Belgique), démantelée une semaine après les attentats contre “Charlie Hebdo”.





Les frères Clain, “voix” de l’EI

Fabien et Jean-Michel Clain. Ce sont ces deux frères, piliers de la mouvance jihadiste toulousaine, qui auraient revendiqué les attentats du 13 novembre au nom de l’organisation terroriste de l’État islamique. ”Voix de l’EI”, ils ne seraient toutefois pas les donneurs d'ordre des attentats, selon une source proche du dossier.

Proche de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban en 2012, Fabien Clain est considéré comme l’un des vétérans du jihadisme français. Il est soupçonné d’avoir été le commanditaire de l’attentat raté contre une église de Villejuif en 2014. Fabien Clain a gagné la Syrie avec sa femme, ses enfants et son frère en mars 2015 pour rejoindre les rangs de l’EI.




Les assaillants du Bataclan



À 21 h 49, une Polo noire s’arrête devant le Bataclan. Trois hommes en descendent, entrent dans la salle de concert parisienne et tirent sur la foule. Ils prennent en otage une partie des spectateurs durant plusieurs heures. L’attaque coûte la vie à 90 personnes, plusieurs centaines d’autres sont blessées.
Samy Amimour (mort). Ce Parisien né en 1987, originaire de Drancy, a été formellement identifié comme étant l’un des kamikazes du Bataclan.
Samy Amimour avait été mis en examen en 2012 pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste à la suite d'un “projet de départ avorté vers le Yémen”. Il avait néanmoins rejoint la Syrie en 2013 et était depuis visé par un mandat d'arrêt international.

Ismaël Omar Mostefaï (mort). Il est le premier de l’équipe du Bataclan à avoir été identifié. Père d’un enfant, il faisait depuis 2010 l’objet d’une fiche “S” (pour “atteinte à la sureté de l’État”) des services de renseignement pour sa radicalisation religieuse.
Entre 2004 et 2010, il avait été condamné à huit reprises pour des délits mineurs, mais jamais pour des faits en relation avec le terrorisme. Il a toujours échappé à la prison.
Ce natif de Courcouronnes (Essonne, région parisienne), aurait également effectué un séjour en Syrie à l’automne 2013.

Foued Mohamed-Aggad (mort). Originaire du quartier sensible de la Meinau à Strasbourg, Foued Mohamed-Aggad, né en 1992, était parti en Syrie en 2013 avec son frère et un groupe d'amis. La plupart ont été interpellés en mai 2014 lors de leur retour en France. Lui était resté sur place.
À l’instar d’Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur présumé des attentats de Paris, le jeune Strasbourgeois était connu pour mettre en scène sa vie de combattant jihadiste sur les réseaux sociaux. Contrairement à Samy Amimour et Ismaël Omar Mostefaï, les deux autres kamikazes du Bataclan, il "n'avait pas de passé judiciaire ou carcéral".




Les assaillants du Stade de France

À 21h20, un premier kamikaze actionne sa ceinture d’explosifs à proximité de la porte D du Stade de France où le match amical France-Allemagne est en cours, en présence du président français François Hollande. Dix minutes plus tard, le deuxième assaillant se fait exploser aux abords de la porte H. À 21 h 53, le troisième terroriste fait de même à 400 mètres du stade, à proximité d’un restaurant.

Bilal Hadfi (mort). Né en 1995, ce Français vivait à Neder-over-Heembeek, un quartier de Bruxelles et aurait séjourné en Syrie. Il n'a pas réussi à pénétrer dans le Stade de France et s’est fait exploser aux abords de l’enceinte. Il reste, à ce jour, le seul assaillant nommément identifié du Stade de France.

Inconnu et Inconnu (tous deux morts)
Les deux autres kamikazes du Stade de France ne sont toujours pas identifiés. Munis de faux passeports syriens, ils étaient originaires d’Irak. Les deux hommes ont activé leur ceinture explosive aux abords du Stade de France, en compagnie du jeune Bilal Hadfi.



Le commando des terrasses

À 21h20, trois tireurs ouvrent le feu sur les clients du bar Le Carillon et du restaurant Le Petit Cambodge, dans le 11e arrondissement, tuant 14 personnes. Dix minutes plus tard, dans le 10e arrondissement, ce sont le bar La Bonne Bière et la pizzeria Casa Nostra qui sont visés, entraînant la mort de cinq personnes. Puis, 19 clients et employés du café La Belle Équipe décèdent sous les balles des terroristes à 21 h 40. Cinq minutes plus tard, l’un des assaillants se fait exploser devant une brasserie du boulevard Voltaire.


Brahim Abdeslam (mort). Ce Français de 31 ans, résident du quartier bruxellois de Molenbeek, s’est fait exploser devant la brasserie Comptoir Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, à 21 h 43, sans tuer personne d’autre que lui-même. Il était le frère de Salah Abdeslam, arrêté le 18 mars 2016.

Abdelhamid Abaaoud (mort). Le coordinateur présumé des attentats était également membre de l’équipe qui a semé la mort dans les 10 e et 11e arrondissements de Paris. Il prévoyait de commettre un autre attentat avec un complice dans le quartier d’affaires de La Défense, mais a été tué par les forces de l’ordre lors du raid à Saint-Denis le 18 novembre 2015.

Chakib Akrouh (mort). Les restes de ce Belgo-Marocain ont été formellement identifiés deux mois après les attentats du 13 novembre. Né en 1990 en Belgique, Chakib Akrouh était inconnu des services anti-terroristes belges. Le kamikaze s'est fait exploser lors de l’assaut policier contre un appartement de Saint-Denis, le 18 novembre 2015.



Le(s) commanditaire(s)

"Nous connaissons le commanditaire, mais je resterai discret sur ce point… " En mai dernier, devant la commission parlementaire sur les attentats du 13 novembre, le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE) Bernard Bajolet a refusé d’en dire plus pour protéger "des sources".

La cellule jihadiste à l'origine des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 22 mars 2016 à Bruxelles a pris ses ordres "très haut" dans le commandement de l'organisation État islamique, a affirmé le procureur fédéral belge Frédéric Van Leeuw, le 9 novembre 2016 lors d’un entretien avec l'AFP.

Depuis des mois, les enquêteurs s'interrogent sur un mystérieux surnom, "Abou Ahmad", cité à plusieurs reprises dans les investigations sur la cellule à l'origine des attentats. Il s’agit d’un francophone haut placé dans l’organisation État islamique qui pourrait avoir orchestré, depuis la Syrie, les attaques de Paris et Saint-Denis, mais aussi celles du 22 mars 2016 à Bruxelles.




Crédits

Par Sebastian SEIBT et Alcyone WEMAERE pour France 24
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